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« Focus day » « Agriculture » du Plan d’Actions Lima-Paris, Organisé en marge de la COP 21 Allocution de Son Excellence Monsieur Kadré Désiré OUEDRAOGO, Président de la Commission de la CEDEAO

02 Déc, 2015
Cabinet du Président de la Commission  

« Focus day » « Agriculture » du Plan d’Actions Lima-Paris,

Organisé en marge de la COP 21

 

 

Allocution de Son Excellence Monsieur Kadré Désiré OUEDRAOGO, Président de la Commission de la CEDEAO

 

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Paris, 1er Décembre 2015

 

 

Monsieur Stéphane Le FOLL, Ministre français de l’Agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt,

Messieurs les Ministres de l’Agriculture et des Pêches ici présents,

Monsieur le Représentant Spécial du Secrétaire General des Nations Unies pour la Sécurité Alimentaire et la Nutrition,

Monsieur le Directeur General de la FAO,

Monsieur le Président du Fonds international pour le Développement Agricole (FIDA),

Mesdames et Messieurs les Représentants des Organisations Professionnelles Agricoles, de la Société Civile et du Secteur Privé,

Distingués invités,

Chers Participants,

Mesdames, Messieurs,

 

 

 

 

 

 

 

Je me réjouis une fois de plus de prendre la parole cet après-midi, devant cette assemblée, à l’occasion du « Focus Day » « Agriculture » du Plan d’Actions Lima-Paris, organisé en marge de la COP 21.

Mesdames, Messieurs,

Les défis auxquels la région Afrique de l’Ouest fait face sont de plusieurs ordres, à savoir :

Premièrement, celui de la croissance démographique qui entrainera une augmentation de la demande en aliments pour une population qui est actuellement d’environ 350 millions et qui atteindra environ 500 millions à l’horizon 2050, dont une forte proportion de citadins ;

Deuxièmement, celui du changement de technologies dans les systèmes de production, afin de préserver les ressources naturelles et répondre aux enjeux du changement climatique et augmenter la résilience des systèmes de production face aux aléas du climat ;

Troisièmement, celui de la question sociale, qui implique le développement d’activités génératrices de revenus afin de lutter contre la pauvreté parmi les actifs agricoles notamment les agriculteurs, les éleveurs, les pêcheurs et assurer des possibilités d’emplois attractifs pour les jeunes et les femmes.

La majorité des actifs agricoles sont des petits producteurs. L’une des priorités régionales, c’est bien de développer une agriculture familiale respectueuse de l’environnement et répondant à la fois aux objectifs d’adaptation et d’atténuation au changement climatique.

L’Afrique de l’Ouest émet moins de 1% des gaz à effet de serre mondiaux. Elle est néanmoins fortement vulnérable aux effets du changement climatique et subit déjà ses impacts négatifs traduites par l’insécurité alimentaire et nutritionnelle ainsi que la vulnérabilité accrue des systèmes de production agricole. Du fait de la baisse des rendements consécutifs aux impacts du climat, on estime qu’en 2100 l’Afrique de l’Ouest subira les pertes agricoles les plus élevées dans le monde, entre 2 et 4 % de son PIB et près de 75 % de la population africaine pourrait être exposée à la faim.

Afin de palier à cela, la CEDEAO depuis 2005 s’est dotée d’une politique agricole (ECOWAP), qui est mise en œuvre à travers un plan régional d’investissement agricole (PRIA) et des plans nationaux d’investissement agricole (PNIA).

Pour améliorer la résilience des populations de la région face à la variabilité climatique, plusieurs initiatives, programmes et projets régionaux sont en cours de mise en œuvre avec l’appui de nos partenaires techniques, à savoir :

  1. l’Alliance AGIR Sahel et Afrique de l’Ouest, déclinée en « priorités résilience pays », pour renforcer la résilience à l’insécurité alimentaire,
  2. la réserve régionale de sécurité alimentaire,
  3. Le renforcement des capacités des pays à intégrer les changements climatiques dans les politiques et les stratégies nationales.

La revue de l’ECOWAP après 10 ans de mise en œuvre à la suite de la « Déclaration de Malabo » dans le cadre de l’Union Africaine, permettra de mieux prendre en compte les thématiques liées aux changements climatiques et à la nutrition.

Déjà en juin 2015 à Bamako (Mali), la CEDEAO avait organisé un forum de haut niveau pour la création de l’alliance ouest africaine sur l’agriculture intelligente face aux changements climatiques et l’adoption de son cadre d’intervention. Cette alliance permet de fédérer les efforts et de développer des synergies et complémentarités, afin que des techniques d’agriculture intelligente fondée sur l’utilisation durable des ressources terre et eau soient largement vulgarisées, contribuant ainsi à l’atteinte de la cible de 25 millions de ménages ayant adopté lesdites techniques prévues par l’alliance continentale pilotée par le NEPAD.

Mesdames, Messieurs,

En Afrique de l’Ouest, la combinaison de techniques diverses permet la reconstitution du couvert végétal et l’amélioration significative des rendements des cultures dans les sols aménagés.

Ainsi à travers l’Agriculture Intelligente face au Climat (AIC), un accent sera mis notamment sur:

  1. La création et l’animation d’une plateforme de partage et de diffusion des connaissances sur l’Agriculture Intelligente face au Climat et les techniques d’agro-écologie en Afrique de l’Ouest ;
  2. La promotion de l’appui conseil agro-météorologique et climatique ;
  3. Le renforcement des capacités des Etats membres de la CEDEAO et de l’UEMOA pour l’intégration des changements climatiques dans les politiques et les stratégies, aux échelles nationales et régionales;
  4. La mobilisation accrue des ressources financières et techniques pour l’agriculture intelligente face au climat et la transition agro-écologique.

Les appuis financiers actuellement envisagés pour la période 2015-2020 s’élèvent à environ 100 millions USD, dont 40 millions USD concernent des actions actuellement en cours de négociation avec différents partenaires. Ils devraient être renforcés par des financements complémentaires permettant aux Etats-membres d’assurer la mise à l’échelle des pratiques promues dans le cadre de cette initiative.

L’implication effective des 15 Etats membres de la CEDEAO dans cette initiative devra constituer un puissant effet de levier, en renforçant leurs capacités pour la mise à l’échelle des techniques d’AIC et de transition agro-écologique dans le cadre de leurs programmes nationaux d’investissement agricole.

Mesdames, Messieurs,

La Commission que je préside compte jouer sa partition dans la mise en œuvre de cette initiative de la CEDEAO. Nous nous assurerons de l’engagement collectif des acteurs, pour développer une agriculture durable, opérationnellement efficace, socialement équitable et institutionnellement cohérente en Afrique de l’Ouest.

Je voudrais, dans cette perspective, inviter au nom de la Commission de la CEDEAO, la Communauté internationale à soutenir :

  1. l’Afrique de l’Ouest et la CEDEAO dans la mise en œuvre de l’ECOWAP revue après ses 10 ans ;
  2. l’alliance sur l’agriculture intelligente face aux changements climatiques en Afrique de l’Ouest;
  3. les efforts d’intégration de l’agriculture dans les négociations de la CCNUCC et son financement via les guichets internationaux dédiés au climat

Par ailleurs, je lance un appel à la Communauté internationale afin que soit renforcée la mobilisation des partenaires techniques et financiers pour assurer le financement : (i) de la mise à l’échelle des techniques d’agriculture intelligente face climat et d’agro écologie, (ii) des Contributions Prévues Déterminées au niveau National (CPDN) soumises par les pays d’Afrique de l’Ouest à la COP21, et (iii) de la recherche scientifique concernant des techniques innovantes visant la sécurité alimentaire, l’adaptation face aux effets du changement climatique et à leur l’atténuation.

Pour conclure, je tiens à réaffirmer et à insister sur nos priorités relatives notamment à l’emploi des jeunes dans le cadre d’une agriculture durable et intelligente face aux effets des changements du climat, la transformation des produits agricoles et l’autonomisation des femmes, et la mise en œuvre des programmes nutritionnels au bénéfice des groupes les plus vulnérables de nos populations.

Je vous remercie pour votre attention.

États membres