Les parties prenantes se concertent pour répondre à l‘insécurité alimentaire et nutritionnelle au Sahel et en Afrique de l’Ouest

15 Déc, 2016
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Abuja, Nigéria, 14 décembre 2016

Le Réseau de prévention des crises alimentaires (RPCA) s’est réuni du 12 au 14 décembre 2016 à Abuja à l’occasion de sa 32e réunion annuelle. Accueillie par la République fédérale du Nigéria, la réunion était placée sous le haut patronage des Commissions de la Communauté économique  des États de l’Afrique  de l’Ouest (CEDEAO) et de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Son excellence Dr. Audu Ogbeh, ministre fédéral en charge de l’agriculture et du développement rural, représentant le président de la République fédérale du Nigéria et S.E. M. Marcel Alain de Souza, président de la Commission de la CEDEAO ont tous deux pris part à la rencontre. C’est pour la première fois que le Réseau se réunissait en terre nigériane. L’une des avancées majeures mise en avant à cette occasion était l’application du Cadre harmonisé au Nigéria dans 16 États fédéraux (sur les 36 existants), soit près de la moitié du Nigéria, utilisent désormais cet outil d’analyse et d’identification des zones à risque et des populations victimes d’insécurité alimentaire et nutritionnelle.

Réunissant quelque 250 participants, dont six ministres ouest-africains et de nombreux représentants de haut niveau, le RPCA a analysé les résultats de la campagne agro-pastorale 2016-17, le fonctionnement des marchés des produits agricoles et la situation alimentaire et nutritionnelle de la région. Les prévisions agricoles sont globalement satisfaisantes. La production céréalière totale pourrait atteindre 66.1millions de tonnes, en hausse de 15.5 % comparée à la moyenne de ces cinq dernières années. Ces bonnes perspectives s’expliquent à la fois par une phase préparatoire réussie (fourniture de semences, engrais, pesticides et matériels agricoles) et par une bonne pluviométrie et une situation hydrologique favorable aux cultures de contre-saison. Elles ne doivent pas néanmoins masquer les difficultés persistantes en matière de sécurité alimentaire, notamment dans les zones de conflits telles que le bassin du lac Tchad.

Les huit années de conflit au nord-est du Nigéria ont fortement affaibli les moyens de subsistances déjà fragiles des populations, ont provoqué une crise humanitaire profonde. Conséquence de l’insurrection de Boko Haram et des déplacements massifs de populations, les trois États du nord-est, Adamawa, Borno et Yobé, ont atteint des niveaux extrêmement élevés d’insécurité alimentaire en 2016. Selon la dernière analyse du Cadre harmonisé datant du mois d’octobre 2016, 4.6 millions de personnes au nord-est du Nigéria (Adamawa, Borno et Yobé) connaissent une situation d’insécurité alimentaire aiguë, 55000 personnes sont menacées de famine dans les foyers les plus touchés de l’État de Borno et 1.8 millions de personnes sont déplacées de force à l’intérieur au nord-est du Nigéria.

« Au-delà de la situation dans le nord-est du pays, la menace de crise alimentaire dans notre sous-région est réelle. Nous devons par conséquent reconnaître la nécessité urgente de développer des mécanismes pour contenir l’impact de la crise alimentaire sur nos populations », a déclaré le ministre nigérian S.E. Dr. Ogbeh. Devant la gravité de la situation, le RPCA a lancé dans une déclaration un appel à la Communauté internationale afin qu’elle amplifie son appui au Nigéria, et plus largement à l’ensemble du bassin du lac Tchad.

La rencontre de trois jours s’est clôturée par la lecture du relevé des conclusions, avec des recommandations à l’endroit des décideurs politiques. La 33e réunion annuelle du RPCA se tiendra à Cotonou, Bénin, du 11 au 13 décembre 2017.

 

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