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Les parties prenantes promettent leur soutien pour la mise en œuvre de la Convention de Kampala

23 Juil, 2015
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Les parties prenantes du Liberia ont réaffirmé cette semaine à Monrovia leur volonté de s’impliquer encore plus pour la ratification de la Convention de Kampala en vue de son appropriation et de sa mise en oeuvre à l’instar des acteurs ivoiriens, qui ont affiché la même détermination à Abidjan quelques jours plus tôt.

Dans la métropole ivoirienne, le lundi 29 juin 2015, comme dans la capitale libérienne, mardi 2 juillet, se sont tenus deux importants forums dans le cadre d’une mission de sensibilisation de la CEDEAO conduite par la commissaire en charge des Affaires sociales et du Genre de l’organisation, Dr Fatimata Dia Sow.

La mission, qui rencontrera aussi dans quelques jours les autorités gouvernementales et organisations de la société civile (OSC) du Nigéria, troisième et dernière étape de cette tournée, vise à conscientiser les parties prenantes sur l’importance de ratifier, de s’approprier et de mettre en œuvre cette convention de l’Union africaine (UA).

Elle s’efforce aussi de les sensibiliser sur les liens entre la Convention de Kampala et la politique humanitaire de la CEDEAO (et son plan d’action) comme un outil de mise en œuvre de ladite convention, qui porte sur la protection et l’assistance aux déplacés internes en Afrique.

Adoptée dans la capitale de l’Ouganda, la Convention de l’Union africaine sur la protection et l’assistance aux déplacés internes en Afrique est entrée en vigueur le 6 décembre 2012. Elle est le premier instrument contraignant au monde adopté à l’échelle de tout un continent et portant sur la protection et l’aide aux personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays.

L’UA est partie du constat que plus de 12 millions d’individus, soit un tiers de la population mondiale des personnes déplacées en raison de conflits, se trouvent en Afrique. Pendant ce temps, de nombreux pays de l’ouest du continent ont connu ou connaissent actuellement des déplacements internes à grande échelle, conduisant à des situations humanitaires, voire à des situations d’urgence.

En s’adressant aux acteurs concernés, autorités gouvernementales, parlementaires, partenaires techniques et financiers, OSC nationales comme internationales, Dr Dia Sow a insisté sur les objectifs de la convention comme l’établissement d’un cadre juridique pour prévenir les déplacements extérieurs, mais aussi protéger et aider les personnes déplacées.

Pour sa mise en œuvre, elle a aussi évoqué l’établissement d’un cadre pour la solidarité, la coopération et la promotion de solutions durables ainsi que le soutien mutuel entre les Etats parties, de même que la réaffirmation d’obligations de la part des groupes armés, des acteurs non étatiques et des autres acteurs concernés, y compris les OSC.

Aussi bien à Abidjan qu’à Monrovia, la commissaire de la CEDEAO a mis en relief la qualité de la coopération entre son organisation et le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) dans ce domaine, notant que «la mise en œuvre effective du protocole et l’adoption d’un plan d’action conjoint ont créé une dynamique qui nous a permis d’atteindre nos objectifs communs».

Elle a évoqué les nombreuses réalisations de cette période de collaboration, dont les plus importantes sont la mise en œuvre effective des activités retenues dans le cadre de la recherche de solutions durables pour les réfugiés dans la sous-région ainsi que la libre circulation et le droit de résidence pour les personnes en quête d’asile et les réfugiés.

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«Au nombre de ces réalisations, on peut également citer les contributions à la paix et à la sécurité à travers les interventions dans l’espace humanitaire et la gestion des manifestations humanitaires, le renforcement des capacités dans le domaine de la préparation et de l’intervention d’urgence, l’alerte précoce, la protection des réfugiés et les liens entre l’asile et la migration», a ajouté Mme Dia Sow.

La collaboration entre la CEDEAO et l’UNHCR s’est davantage renforcée avec l’organisation, en 2011, de la première conférence ministérielle sur l’assistance humanitaire et les déplacés internes en Afrique de l’Ouest, dont l’objectif majeur visait la ratification accélérée et la mise en œuvre rapide de la Convention de Kampala par les 15 Etats membres de la CEDEAO.Depuis, elle a été ratifiée par dix pays, à savoir le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Gambie, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Nigéria, la Sierra Leone et le Togo.

Quatre pays l’ont signée mais ne l’ont pas encore ratifiée : le Ghana, la Guinée, le Libéria et le Sénégal. Le Cabo-Verde est le seul Etat membre de la CEDEAO n’ayant pas encore signé la Convention de Kampala.

A noter cependant qu’aucun des dix pays ayant ratifié le texte n’en a intégré les dispositions dans sa propre législation bien qu’on assiste à quelques initiatives ici et là. En outre, la Convention de Kampala souffre d’un manque de visibilité dû à une implication insuffisante d’acteurs comme les parlementaires et les médias, d’où de fortes recommandations émises en ce sens aussi bien à Abidjan qu’à Monrovia.

Activité organisée dans le sillage de la conférence de 2011, la présente mission de la CEDEAO vise donc à sensibiliser les Etats membres pour qu’ils encouragent et soutiennent la ratification accélérée, l’appropriation et la mise en œuvre de la Convention de Kampala.

Après cette conférence, la CEDEAO a mené à bon terme une étude nationale sur le respect des dispositions de la Convention de Kampala qui a débouché sur la mise en place, par les pays cibles, de mesures permettant de réformer l’approche à la question des déplacés internes et de formuler des recommandations pour tous les Etats membres de la CEDEAO.

«Cette étude sera, dans les Etats membres, un instantané du cadre légal, politique et opérationnel ainsi que des facteurs qui entravent éventuellement la mise en œuvre effective de la Convention de Kampala», a expliqué à ses différents interlocuteurs la commissaire de la CEDEAO chargée des Affaires sociales et du Genre.

Un nombre de plus en plus important d’incidents humanitaires naturels ou causés par l’homme ont créé des situations complexes pour les personnes déplacées, entraînant ainsi de graves conséquences socioéconomiques pour la région ouest-africaine dans son ensemble, d’où la nécessité de renforcer la protection des déplacés internes

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.«Or, a souligné Mme Fatimata Dia Sow, la réalité de la vision de la CEDEAO et notre objectif commun de paix, de sécurité et de développement ne sauraient être traduits dans les faits sans les droits humains des citoyens et la sécurité régionale. La question des déplacés internes a valeur de test pour notre engagement en faveur des droits humains et des normes humanitaires et constitue un indicateur des possibilités qui s’offrent à nous en matière de paix, de sécurité et de développement».

Les réunions d’Abidjan et de Monrovia, ouvertes par les ministres en charge de la Justice de Côte d’Ivoire et du Libéria, ont regroupé de très hautes personnalités, notamment les représentants spéciaux du président de la Commission de la CEDEAO dans les deux pays ainsi que ceux de l’Union africaine (UA).Celle de Monrovia s’est ouverte en présence de la commissaire de la CEDEAO chargée des Affaires politiques, Paix et Sécurité, Mme Salamatu Hussaini Suleiman, qui est aussi en mission de sensibilisation et de consultation sur le déploiement du système d’alerte précoce et d’intervention de l’organisation sous-régionale.

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